Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, ce na poinct esté ny les rapportz des procès, ny
2lobly de mon debvoir qui ma gardé ces jours passés de vous
3escrire, mais plustost quelque doubte que je faisoys de vous
4estre ennuyeux par mes lettres, voyant ordinairement que monsieur
5le president de Portes vous donnoit de toutes occurrances
6comme il fera encores maintenant plus souvent que le tempz de la trève
7est expiré. Je feus le dernier jour de ladite trève de garde à
8la porte où j’ouys de diverses nouvelles. Tantost les ennemys
9venoyent assieger Grenoble, tantost Gap ou Ambrun ; une foys
10ilz estoyent toutz assemblés à Corp, une aultre foys à St Bonet.
11Le lendemain, qui estoyt hyer, nous eusmes nouvelles quilz estoyent
12en une maison dun gentilhomme nommé La Grange auprès de Vif
13et quilz la vouloyent fortifier. Là-dessus, il feut bien cryé ;
14en fin lon y envoye des chevaulx legiers italiens et quelques
15soldatz et lon treuve que lon ne fortifie poinct ladite maison.
16Vous entendrez le tout plus par le menu par ce que monsieur le
17president ou monsieur de la Tivolyère vous en escripront.
18De ma part, je cognoy que la peur est entrée si avant et a
19prins telles racines dans le cueur de beaucoup de gens quil
20est malaisé de larracher. Lon a resolu de prendre, norrir
21et entretenir des soldatz dans les maisons, chascun selon
22sa portée et facultés, à quoy voyant que toutz messieurs estoyent
23presque de cest advis, je nay voulu reclamer. Bien pensé je
24que ce seront de chanoines qui sappoltrineront à la table et qui ne
25fauldront pas à derober leur hoste en un bon besoing. Toutesfoys,
26il fault armer la peur du mellieur harnoys que lon peult.
27[264 v°] Jattendz en grande devotion ce que monsieur de Maugiron rapportera
28de sa charge et legation, estimant que ce sera comme nous disons
29pour le dernier et peremptoire edict. Car, à dire la verité, la grandeur
30beaucoup diminuer, bien que je pense que ne leur accordant poinct
33lexercise de la relligion, ilz ne prendront poinct la paix pour
34nabandonner la couleur et le pretexte soubz lequel ilz jouent ceste
35tragedye. Monsieur Du Vent ma faict entendre que vous serrez icy à ces
36prochains estatz, qui faict que je delibère à votre retour vous fère
37compaignye pour vous fère service et aussi que la commission que jay
38des voyturiers de Lion mappelle en Valentinoys en ce temps. Ce
39pendant, monseigneur, je vous supplye très humblement me fère un peu
40de part de la responce des ennemys audit sieur de Maugiron, prevoyant
41que par icelle, nous aurons ou une bonne paix, ou une bien fort grande guerre à laquelle
42il se fault preparer et endurcir du tout à souffrir beaucoup de
43maulx.
44Monseigneur, après mestre très humblement recommandé à votre bonne grace, je
45prye Notre Seigneur vous donner en santé longue vye. De Grenoble, ce
46XVIIe du matin 1574.
47Votre très humble et obeissant
48serviteur De Malloc
49comme jescripvoys ceste lettre, lon ma mandé
50que les ennemys avoyent despuis prinse ladite
51maison et quil ne falloyt pas sortir aujourdhuy
52que bien fortz, car ilz sestoyent bien fortiffiés
53et multipliés